Distribution : 3 hommes
Un élu et ses deux acolytes. À trois, ils cherchent comment faire face à la fermeture imminente d’une grosse usine, qui va mettre sur le carreau non seulement les employés de ladite usine, mais aussi tous ceux des firmes en sous-traitance. Ils doivent rendre leur ville, « sexy », attrayante. Ils font le pari du terrain peu cher, des facilités d’installation. Pas moyen d’y arriver sans rendre constructibles des terrains qui ne l’ont pas été jusqu’à maintenant. Pour arriver à leurs fins, ils décident de surfer sur la vague de la menace que représentent les sangliers qui s’enhardissent dans les villes à la recherche de nourriture facile. En soi, le plan, n’est pas mauvais….. Encore faut-il être à la hauteur de ses intuitions…
(…)
L’ÉLU : Il n’était pas question d’un plan ?
LE PENSEUR, LE COMMUNIQUANT: ….
L’ÉLU: À les regarder ces deux-là, on pourrait croire que leur boulot n’est qu’un long enchaînement de longues pauses café.
LE COMMUNIQUANT: Je n’aime pas du tout comment tu me colles à lui quand tu dis « Ces deux là »… Un plan ! Bien sûr !
LE PENSEUR : Un plan qui permettra de faire face à (contrefaisant le syndicaliste geignard de base): « Le problème n’est pas que ça coûte cher ou pas ici, le problème c’est que ça coûte moins cher là-bas. »
L’ÉLU: LÀ-BAS, j’en ai rien à foutre. C’est ICI que je suis élu et que je compte le rester.
LE PENSEUR : Un plan qui concerne ici, un plan qui ne contourne pas le problème mais qui lui passe au dessus en anticipant.
L’ÉLU: Un plan qui dépasse le problème ? (ironique, au Communiquant)Tu prends des notes ? Bon tout ça je le sais déjà. Allez rumine, rumine.
(Retour à la situation) Je ne sens plus mon dos. Sept heures par jour dans cette chaleur, cette poussière… je ne sais pas comment ils font.
LE PENSEUR : Passer comme ça d’une usine à l’autre et trouver quelque chose à dire à chacun… je ne sais pas comment il fait. C’est ce qu’ils disent de toi.
L’ÉLU: Chacun son boulot. (Il enlève ses chaussures). C’est bien ce que je disais : mes pieds ont doublé de volume. La prochaine fois je veux pouvoir m’asseoir.
LE PENSEUR : Le patron te reçoit assis. Le Pape te reçoit assis. Le Parrain te reçoit assis. Mais quand le Pape, le Patron et le Parrain voient arriver leur égal, ils se lèvent. Tu n’es ni le Pape, ni le Patron, ni le Parrain, tu es leur égal, tu restes debout devant eux.
LE COMMUNIQUANT: Le vieux a besoin de s’asseoir. Le malade a besoin de s’asseoir. Le faible a besoin de s’asseoir. Quand bien même tu serais les trois tu ne peux pas te le permettre. Il est difficile de penser qu’une solution saine puisse venir d’un type malade.
L’ÉLU: Pourriez pas me redire ça en me faisant une petite chorégraphie ?
(…)