Mourir au deux cent-cinquantière

Informations

Texte écrit pour la performance théâtrale « Regarding », présentée en mai 2008 dans la cadre du Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles.

Éditions Aden – Collection « La rivière de cassis »

Extrait

C’est la photographie d’une chute
Une chute en noir et blanc
La chute d’un homme
Il était à genoux, son torse est maintenant en train de basculer vers le sol… il bascule face à moi, vers ma gauche donc …vers sa droite, son épaule droite est à peu près à une quinzaine de centimètres du sol.
Il ne peut pas utiliser ses mains pour freiner ou amortir l’impact, car elles sont retenues, derrière son dos… certainement attachées…

C’est un homme jeune. La silhouette est mince. Il porte un pull en maille fine moulant un torse ferme. L’encolure en « V » est très près du cou… Probablement un très jeune homme.
À peine la vingtaine ?
Ses cheveux doivent être longs d’une dizaine de centimètres, c’est-à-dire courts, mais assez longs pour être dérangés par le mouvement de la chute, notamment à l’arrière de sa tête où une importante mèche de cheveux semble se détacher.
Elle se distingue de l’arrondi du crâne en une masse, légèrement rétrécie à sa base. À une quarantaine de centimètres de cette base, le canon d’un revolver, qui vient de faire feu, comme en témoigne l’index droit crispé, bien visible, en fin de course dans le pontet, cet arc de métal entourant la gâchette sur laquelle le doigt est encore replié, crocheté, crispé.

Le visage de l’homme est contracté comme par réflexe sous l’impact, ou comme s’il était dérangé par un bruit trop fort … par la détonation ? … ou comme s’il anticipait et redoutait ce son.
Peut-on sursauter à cause du coup de feu qui vous abat ?

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