L’iceberg qui cache la forêt

Informations

Distribution : 1 femme – 1 homme   OU   2 femmes – 2 hommes   OU   …..

Texte déposé à la SACD

Résumé

Il est caissier dans un grand magasin. Devant lui une file longue, longue longue….
Dans cette file une femme attend, attend, attend…
et quand elle attend : «  hop ! je me détricote. Je me mets en mode veille et ma cervelle en profite pour turbiner pour son propre compte. Je suis une fille futile »
Cette pensée la fait sourire.
Le caissier prend ce sourire pour lui. Erreur qui lui coûtera son travail.
C’est le début de leur histoire.
Qui continue comme elle a commencé : sur des malentendus.

Extrait

LA FEMME ABSOLUE : J’adore ton petit doigt
L’HOMME AFFAMÉ : Il est tordu
LA FEMME ABSOLUE : C’est exactement pour ça que je l’adore. Ton petit doigt. J’adore sa torsion. J’adore la singularité que cela lui confère. De même que les envahisseurs pourrissant la vie de David Vincent sont reconnaissables à leur petit doigt qui reste raide et rigide, tu es identifiable entre toutes et tous pour la torsion de ton petit doigt.
L’HOMME AFFAMÉ : Si tu veux me dire que je te pourris la vie c’est bien trouvé.
LA FEMME ABSOLUE : ….
L’HOMME AFFAMÉ : Je plaisante
LA FEMME ABSOLUE : En fait cette torsion m’émeut. Je suis émue quand je pense à la torsion de ton petit doigt. Si un jour tu meurs dans un attentat et que ta tête se trouve juste à côté de la bombe, alors bien évidemment après l’explosion plus de tête. Et bien il me suffira de voir tes mains pour pouvoir t’identifier.
L’HOMME AFFAMÉ : Il est à peine 10 heures du matin et je viens d’échapper au péril de l’anonymat post-mortem. Il faut fêter ça. Ce soir, restaurant !
LA FEMME ABSOLUE : Je suis absolument sûre de ne jamais oublier ton petit doigt. La forme de ton petit doigt tel que je le vois, là. Si un jour je devais oublier ton visage, – oublier ton visage est bien la dernière chose que je me souhaite, mais si un jour je devais oublier ton visage, ton petit doigt sera une représentation objective de toi-même. Et lui, je suis sûre de ne jamais l’oublier.
L’HOMME AFFAMÉ : C’est mon petit doigt qui te l’a dit ?
LA FEMME ABSOLUE : En fait je sais, la torsion de ton petit doigt me renvoie à l’enfance. C’est cela qui m’émeut. Je te vois petit, au moment où ton petit doigt a subi un traumatisme assez violent pour que ta phalange ne retrouve jamais la rectitude voulue.
L’HOMME AFFAMÉ : Pour le métro, en cas d’attentat et d’identification, je suis sûr qu’on te laisserait récupérer mon petit doigt si cela peut te permettre de te remettre du traumatisme causé par ma disparition.
LA FEMME ABSOLUE : Je te vois enfant. Tu as laissé ton petit doigt dans un chambranle de porte et elle s’est refermée dessus. Te voilà blessé, pleurant, tu as mal et moi je ne peux rien faire, je ne suis pas là. Je t’aime rétroactivement. Je suis rétroactivement triste de cette blessure que tu as subie. J’aurais voulu être là pour te consoler, pour te soigner et peut-être même pour t’éviter l’accident.
L’HOMME AFFAMÉ : Il va falloir que j’interdise à mon cousin de prendre le métro avec moi.
LA FEMME ABSOLUE : ….
L’HOMME AFFAMÉ : Il va peut-être même falloir que je lui demande ses trajets les plus fréquents et à quelles heures pour être sûr de ne pas me trouver dans le même métro que lui.
LA FEMME ABSOLUE : Je ne me prends pas pour ta mère, je t’aime totalement, c’est tout.
L’HOMME AFFAMÉ : Parce qu’en cas d’attentat dans le métro, et au cas où mon cousin serait avec moi, et bien l’idée que tu puisses, après ma mort, récupérer et vénérer le petit doigt de mon cousin qui est exactement tordu comme le mien, et bien ça me rend, moi, anticipativement très jaloux
LA FEMME ABSOLUE : J’aime ta jalousie. Enlève-moi ma culotte
L’HOMME AFFAMÉ : Avec mon petit doigt ?
LA FEMME ABSOLUE : Enlève !

Mise en scène

Avril 2012,
Virginie Thirion & Nadine Ganase,
Théâtre Varia - Bruxelles

En Vidéo

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